◣ Beechwood NYC

DISQUE DU MOIS Rock & Folk Février 2018

Beechwood
Songs From The Land Of Nod” Alive/Differ-Ant

En ces temps policés, où les normes sociétales deviennent de plus en plus pesantes, le rock’n’roll authentiquement dangereux est bien rare. Le cas de Beechwood est exemplaire. Le début de l’histoire est pour le moins classique : deux gouapes, Gordon Lawrence et Isa Tineo, venues de la banlieue de New York, se rencontrent par le skateboard, deviennent frères de sang et plaquent le lycée pour rôder dans le Lower East Side. Le premier est un grand échalas blond, guitariste peroxydé aux traits androgynes. Le second est un batteur métis, tatoué littéralement des pieds à la tête, LAMF sur le cœur et Ramones sur l’abdomen. Mis à la porte par leurs géniteurs, ils entament une vie de vagabondage, naviguant entre mauvaise dope, sexe tarifé et larcins plus ou moins répréhensibles. Ils forment alors ce solennel pacte : fonder un groupe. Rejoints par un bassiste surnommé Sid, ces misfits se taillent une réputation sulfureuse tant leurs concerts sont réputés chaotiques. Le curieux pourra, à ce titre, dénicher une vidéo les montrant en train de se faire molester et embarquer par deux flics, alors qu’ils se produisaient sur le macadam... Ces gars-là, de toute évidence, ne trichent pas. En 2014, un premier opus (“Thrash Glamour”) délivrait le son que l’on était en droit d’attendre d’un tel gang : crasseux, rageur, dominé par les prévisibles influences punk, New York Dolls et Stooges en tête. Quatre longues années plus tard, voici venir son successeur. Sur la pochette, les trois canailles posent à Brooklyn, moue dédaigneuse et fringues bigarrées. C’est l’Amérique des parias, des laissés pour compte. Le titre n’est pas non plus anodin : La Terre de Nod, située selon l’Ancien Testament à l’Est d’Eden, est celle de l’errance, mais peut aussi signifier le pays des songes. C’est la clé de cet album narcotique où les chansons sont la plupart du temps nimbées d’une atmosphère cotonneuse, mélancolique avec un chant murmuré, détaché, et des chœurs vaporeux. Les guitares sont lancinantes, les percussions hagardes et la basse navigue, ivre et paumée. Les morceaux sont souvent imprévisibles, tant dans leur structure que leur production, décharnée mais finement ciselée (piano, orgue, Mellotron). Sont-ce là les effets d’une addiction aux opiacés sur leur songwriting ? Le morceau le plus paradoxalement lumineux, le très power pop “Heroin Honey”, n’en fait pas mystère. L’heure est à la contemplation, au doux rêve qui peut virer au cauchemar (“This Time Around”). Les textes évoquent un large éventail de sentiments : frustration, dépendance, dépression, paranoïa, félicité. On est donc manifestement en présence d’une œuvre malade qui se place dans la lignée du troisième Big Star ou du “Berlin” de Lou Reed. Le Velvet Underground de “Heroin” est palpable sur “C/F”, déambulation somnambule et hantée, rythmée par une slide, qui s’accélère brutalement, accompagnée des obligatoires stridences. Le spectre souffreteux de Johnny Thunders fait irruption sur les bravaches “Melting Over You” et “I Don’t Wanna Be The One You Love”, dotées de guitares crâneuses. Le psychédélisme foisonnant de Syd Barrett et des Beatles de “A Day In The Life” sert de toile de fond à “All For Naught”, poignant constat d’échec adressé par Gordon à ses parents (“Je m’excuse pour l’amour que vous aviez peut-être pour moi”). On goûtera aussi la reprise crépitante du manifeste “I’m Not Like Everybody Else” des Kinks. Ces dix titres passionnants qui s’achèvent avec la cryptique “Land Of Nod”, final sinueux et onirique d’un disque hautement toxique, plongée au cœur d’abymes psychologiques dont on ne ressort que rarement indemne.
Jonathan Witt


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➮ Audio : http://beechwoodbeechwood.bandcamp.com/



◣ Make-Overs 

Venu tout droit de Pretoria, le duo Make Overs explore les confins du punk, du garage et de la noise. Une musique puissante, radicale, dont les échos rageurs résonnent déjà bien au delà du détroit de Gibraltar : à son actif, plusieurs tournées aux USA et des centaines de concerts aux côtés d’artistes majeurs de la scène rock actuelle comme Thee Oh Sees ou Allah Las... mais aussi et surtout une discographie forte d’une dizaine d’albums en tout juste sept années d’existence. 

Non, ces deux anciens étudiants en cinéma n’ont définitivement pas de temps à perdre, et à leur image, leur musique est synonyme d’urgence. Une poignée de verre pilé dans l’ampli, des masses d’arme en guise de baguettes, Andreas et Martinique sont prêts à en découdre et à réveiller les morts. Mais tendez donc un peu l’oreille...

Tapies à l’orée de ce fracas de rage et de larsens pointent des mélodies subtiles, diablement accrocheuses, qui évoquant tour à tour les hymnes nihilistes des Stooges, les expérimentations torves et pernicieuses des Liars ou encore la folie lynchienne des tous premiers Pixies. A découvrir d’urgence !

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➮ Audio : http://make-overs.bandcamp.com/
➮ Site : http://www.make-overs.com/

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➽ Horaires

➳ 21h - ouverture des portes
➳ 21h15 - Beechwood
➳ 22h15 - Make-Overs
➳ 23h45 / 01h15 - Dj Set

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➽ Tarifs : 6€ en loc et 8€ sur place

 

 

 

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